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Mohammed El Ayadi Historien du temps présent 1948 – 2013

taa-bine_14.1C’est en homme convalescent, affaibli mais extrêmement lucide et alerte qu’il m’a fait l’honneur de siéger dans le jury de ma soutenance de thèse de doctorat il y a environ un an et demi. D’une petite voix presque silencieuse, mais bien audible, il a émis ses critiques, remarques et souligné l’apport du travail. Lorsque je l’ai salué à la fin pour le remercier, il m’a glissé, avec son sourire affable et discret, « Tu as vu ? J’ai bien lu ta thèse ! ». Et juste après, avec sa générosité bienveillante, il m’a proposé pour un travail dans un périodique. Cette facette de Mohammed El Ayadi demeure méconnue. Ce professeur d’histoire sociale et politique du Maroc contemporain à la « Faculté des Lettres et des sciences humaines Ain-Chock , Casablanca », donne l’impression d’être distant. Ce n’est qu’apparence. Lorsqu’on le côtoie assez, nous jeunes chercheurs, étudiants, doctorants, il finit par dévoiler ses qualités humaines et n’hésite pas à partager des anecdotes de son passé militant et syndical, de ses pérégrinations (professeur  visiteur à « l’Institut Maghreb/Europe de l’université Paris VIII », à « l’Universidad Autonoma » de Madrid , à « Sciences Po-Paris », etc.)1 et de ses expériences d’acteur civique.

Chercheur reconnu, acquis à l’interdisciplinarité de par sa formation (doctorat de 3ème cycle en sociologie de « l’université la Sorbonne Nouvelle-Paris 3 » ; doctorat d’Etat es Lettres et sciences humaines en histoire et sciences sociales de « l’université Paris 7  ») et par conviction, Mohammed El Ayadi a dédié ses recherches à des problématiques aux interstices des rapports de la société, du politique et du religieux dans les sociétés musulmanes contemporaines (religion, monarchie, politique, société, éducation et jeunesse).

Fondateur du « Centre Marocain des Sciences Sociales » (CM2S, Université Hassan II-Ain Chok, Casablanca), avec ses amis et collègues Mohamed Tozy, Hassan RachikMostafa Bouaziz et Jamal Khalil, c’est surtout en historien, et plus précisément en historien du temps présent, que je l’ai le plus côtoyé dans ce cadre. Discutant avec lui des projets sur l’histoire et la mémoire, de questionnements théoriques, et de la  méthode  historique, ses emprunts aux sciences sociales et  l’usage des  archives orales.

Son dévouement à l’intérêt commun a fait de lui un acteur civique connu et respecté, qui érige son savoir comme voie d’espérance pour  sa société. Sans prétendre résumer son engagement citoyen, signalons que Mohammed el Ayadi a été, entre autres, membre fondateur du Collectif Démocratie et modernité ; de 2007 Daba ; membre du conseil national de Transparency Maroc, membre du Club d’Analyse et de Réflexion sur le politique (Fondation Abderrahim Bouabid et La Fondation  Friedrich Ebert), etc.

La constance de son implication dans les affaires de la cité apparait dans d’autres cénacles. A titre d’exemple, son parcours d’inspecteur à l’Education nationale, l’a amené, durant les années 1970, à concevoir, avec Noureddine Saïl (alors inspecteur pédagogique en philosophie), et d’autres, un programme pour l’enseignement secondaire alliant philosophie et pensée islamique. Ledit programme sera contesté par certains intellectuels, dont Mohamed Abed El Jabri et Ahmed Settati, et sera mis, finalement, de côté par les concepteurs politiques de l’arabisation2.

Sur un tout autre registre, l’animateur de l’émission, « Mounadarate » sur 2M, méthodique, affable et courtois, a également réussi le pari de présenter des débats calmes et sereins sur des sujets d’actualité.

Dans toutes ces facettes, Mohammed El Ayadi était apprécié pour la justesse de son analyse, la rigueur de sa méthode et la finesse de ses propos, sans jamais se départir de son sourire si chaleureux.

Bibliographie sélective :

– L’islam au quotidien, Enquête sur les valeurs et les pratiques religieuses au Maroc, avec  H. Rachik et M. Tozy,  Casablanca, Ed. Prologues, 2007, 272  p.  (Prix Grand Atlas, 2009), 2e  éd., Casablanca, Croisée des chemins, 2013 (traduit en arabe, Croisée des chemins, 2013, Prix Grand Atlas du jury et du public, 2013).

– Histoire du Maroc : réactualisation et synthèse / présentation et direction Mohamed Kably Rabat : l’Institut royal pour la recherche sur l’histoire du Maroc, 2011.

– « Temps présent et étude du mouvement nationaliste », in Mohamed Kenbib (coord.), Du protectorat à l’indépendance problématique du temps présent, Publications de la Faculté  des Lettres et des Sciences Humaines-Rabat, 2006, pp. 127-138.

– «Entre l’Islam et l’islamisme, la religion dans l’école publique marocaine»,Revue internationale d’Education, Sèvres, n°36, juil. 2004, pp.111-121.

– Les Jeunes et les  valeurs religieuses (collectif), Casablanca, éd. Eddif/ CODESRIA, 2000.

– « Les nouvelles écoles historiques et la question des frontières entre les sciences sociales », in colloque de l’Association Marocaine pour  la Recherche Historique, revue Amal , Casablanca, n°15, 1998.

Notes :

1-    Il est également membre du conseil scientifique de « l’Institut Maghreb-Europe » (Université de Paris 8), du « Centre Européen de Promotion  de l’Histoire », association gestionnaire des « Rendez-vous de l’Histoire » de Blois, et du comité scientifique  de la Revue Prologues.

2-    Il s’agit de la commission qui a élaboré le programme de « l’éducation islamique » (matière fondamentale enseignée de la 1ère année du collège jusqu’en terminale).

- Fadma Aït Mous

Centre Marocain des Sciences Sociales/CM2S – Université de Casablanca

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