Mohammed Naciri, Désirs de ville. Préface de Félix Damette, postfaces de Monceyf Fadili et Grigori Lazarev, Economie Critique, Rabat, 2017, 598 p.
Introduction
La production éditoriale en sciences sociales sur l’urbain au Maroc est relativement récente et numériquement faible. Elle est liée à la dynamique de la politique urbaine à partir du début des années 1980[1]. La référence à la notion de l’espace urbain ou du territoire comme l’un des facteurs explicatifs de la réalité sociale, est perçue académiquement comme l’apanage des géographes. En effet, les études urbaines publiées par Mohamed Naciri n’approchent pas la ville uniquement comme support de faits sociaux, économiques, politiques, etc. L’espace urbain est l’un des déterminants de la citadinité, de l’identité, des relations sociales, ethniques et religieuses, de la stratification sociale… de l’intégration sociale, etc[2].
Mohamed Naciri a publié plus de 78 titres dont 14 traduits en langue arabe. Il s’agit de 41 articles, 22 contributions (dans des ouvrages collectifs) et trois livres dont sa thèse de 3° cycle, publiée en 1963, sur la ville de Salé. Cette importante contribution scientifique depuis 1980, est répartie comme suit : 20 titres entre 1980 et 1989, 31 entre 1990 et 1999 et 23 entre 2000 et 2016.
Son dernier livre, Désirs de ville[3], est une sélection de 21 titres déjà publiés dans des revues et ouvrages collectifs entre 1980 et 2008. Cette œuvre variée traduit son parcours intellectuel. La question urbaine reste privilégiée dans sa production intellectuelle. Plusieurs thèmes ont été abordés. Mais certains thèmes majeurs, liés au processus de l’urbanisation et à la politique urbaine, ont retenu son attention. Son approche de la question urbaine lui a permis d’élaborer et de réfléchir sur deux concepts, d’abord celui de l’habitat sous-intégré depuis la fin des années 1960, puis, un peu plus tard, celui de la citadinité. En effet, depuis le début des années 1980, Mohamed Naciri questionne le concept de la citadinité[4], pur s’intéresser par la suite à la ville arabo-musulmane[5] d’une manière générale.
Le contexte du concept de formes d’habitat sous-intégrées
Le processus rapide de l’urbanisation, produit de l’explosion démographique au cours du XXème siècle, a donné naissance à plusieurs nouvelles formes d’habitat. Les sciences sociales ont essayé d’accompagner ces mutations sociales, économiques, culturelles, spatiales… La première difficulté était de nommer cette nouvelle réalité en ayant comme horizon conceptuel et politique, l’intégration urbaine des masses « dangereuses[6] » constituées de migrants ruraux en augmentation exponentielle.
Ainsi, les vocables tels la ségrégation, la marginalité, l’exclusion, la pauvreté, le déracinement… le bidonville, les formes d’habitat spontanées, précaires, informelles, clandestines, non-réglementaires, sous-équipées, sous-intégrées… ne cessent d’alimenter la production universitaire en sciences sociales. Ces appellations très hétérogènes se trouvent souvent collées aux groupes de migrants ruraux, d’étrangers pauvres installés fraichement en ville, aux habitants exerçant des métiers informels, aux résidents du bidonville, de la périphérie ou de la médina.
Depuis le début des années 1920, les sociologues de Chicago étaient sensibles aux processus de désorganisation / réorganisation sociale qui scandent le devenir de la grande ville moderne. La thématique dominante de la désorganisation sociale chez ces sociologues était liée au statut de l’étranger, de l’homme marginal, du juif, de l’Afro-américain, du vagabond, du délinquant, de la prostituée, de l’alcoolique, du drogué, du criminel[7]… Mais cet héritage des sociologues de l’Ecole de Chicago relatif à l’intégration des masses urbaines migrantes semble être ignoré par la littérature des sciences sociales francophone[8].
Au cours des années 1970, deux concepts, la marginalité et la sous-intégration, avaient fait recette. Le premier était adopté par la littérature sociologique latino-américaine[9] après la naissance d’un secteur économique important par son rôle d’accueil de la population migrante. Ce secteur est appelé “secteur informel”[10], “pôle marginal” de l’économie (Quijano[11], 1971), “tertiaire refuge” (Lambert[12], 1965)… Le secteur économique informel, par opposition au secteur moderne, était perçu comme la seule activité capable d’absorber la majorité des migrants ruraux.
Au Maroc, au cours de cette période des années 1960 et 1970, la production intellectuelle sur l’urbain était numériquement trop faible. Il faut dire que la population urbaine ne constituait que 29 % en 1961, soit 3.389.613 habitants et 35 % en 1971, soit 5.409.725 habitants. Mais une série de réflexion et d’enquêtes ont été initiées par le CERF[13]. Une littérature officielle était consacrée à l’étude des villes et plus particulièrement des bidonvilles. A noter la réalisation d’un ensemble d’études urbaines monographiques universitaires, isolées et éparpillées, par André Adam[14], Daniel Noin[15], Mohamed Naciri[16], Jacques Pégurier[17].
C’est dans ce contexte démographique et intellectuel que Mohamed Naciri[18] a élaboré le concept d’habitat sous-intégré vers le début des années 1970. En effet, un colloque international sur les formes d’habitat sous-intégrées[19] s’est tenu à l’Université de Vincennes-Paris VIII du 29 juin au 01 juillet 1970. Il était préparé par le département de géographie, avec l’aide du SMUH[20]. Mais les actes du colloque n’ont été publiés que dix ans après[21], en 1980, à cause « des difficultés financières et surtout un certain nombre de divergence entre le groupe de recherches et la direction du SMUH[22] ».
Dans son éditorial, d’Yves Lacoste, directeur de la revue de géographie Hérodote, précise en 1980 le contexte historique dans lequel le concept d’habitat sous-intégré a été adopté et discuté. « Il fallait en effet réagir contre l’emploi de de plus en plus fréquent du terme « bidonville » pris dans un sens de plus en plus extensif et confusionniste pour désigner des formes d’habitat urbain dissemblables que de vieux immeubles à étages, taudifiés et surpeuplés ou que les cases construites à la périphérie des villes par des immigrants continuant à mettre en œuvre les pratiques de construction qui leur étaient familières dans leur village d’origine[23] ». « Il fallait donc trouver et définir un terme général pour désigner globalement ces formes différentes[24]».
?Habitat sous-intégré, concept ou modèle théorique
Un réel effort théorique a été fourni par Mohamed Naciri pour mieux saisir les nouveaux phénomènes urbains dans les pays dits sous-développés. Sa contribution a pour «objectif de montrer des limites et des méthodes de recherche sur les villes des pays sous-développés et de proposer une problématique susceptible de tirer les formes de croissance urbaine, en particulier, de l’impasse où elle se trouve engagée. Ces propositions sont nées d’une réflexion méthodologique sur l’expérience acquise dans l’étude des formes d’habitat urbain au Maroc. Il nous semble cependant que la démarche proposée est valable à l’appréhension des problèmes fondamentaux des villes des pays sous-développés[25]».
Le concept de l’habitat sous-intégré est fondé sur la combinaison de plusieurs critères (nature de l’habitat, taille de famille, niveau d’instruction, emploi exercé, degré d’équipement, densité démographique.) La finalité recherchée est de « réunir une information permettant une vision globale du phénomène de croissance urbaine[26]».
Les formes d’habitat sous-intégrées se caractérisent par la précarité du statut du sol, la précarité des équipements et la précarité des habitations. Ces précarités peuvent donner lieu à des mesures numériques ou à des appréciations qualitatives permettant de déterminer l’importance de l’écart[27]. La sous-intégration serait donc une étape dans la vie urbaine des ménages qui mènerait à l’intégration, à la conformité aux règles d’hygiène, aux normes modernes d’urbanisme, à un mode de vie dominant ou désirable.
L’essai de Mohamed Naciri donne l’impression qu’il cherchait à tout expliquer (les habitations précaires, la misère, les « squatters », les bidonvilles) par l’afflux des ruraux et le dynamisme démographique de la population urbaine. La spécificité du Tiers monde réside dans l’impuissance de l’économie urbaine à assurer l’accueil et l’emploi[28] pour une population en croissance dynamique et continue. Les villes des pays industriels ne présentent pas les mêmes caractéristiques, au niveau des formes d’habitat, que celles des pays sous-développés. L’orientation des études villes-campagnes est réalisée en fonction de la connaissance des flux au détriment de l’étude des structures[29].
En développant le concept de l’habitat sous-intégré, Mohamed Naciri nous met en garde de mettre en correspondance l’exode rural et la naissance des formes d’habitat sous-intégré. « Dans de nombreuses agglomérations, les bidonvilles accueillent une partie notable de vieux citadins ayant quitté le centre-ville, où la taudification des maisons rend plus précaires les conditions d’hygiène, de santé et de promiscuité[30]». Il écrit également que « l’arrêt de l’exode rural n’empêchait nullement l’apparition des formes d’habitat du type bidonville[31]».
Mohamed Naciri avoue qu’il s’agit d’un concept complexe[32] englobant « tous les aspects d’une réalité changeante dont il essaie d’appréhender les manifestations complexes à tous les niveaux[33] ». L’auteur cherche à éviter une conception impliquant une classification binaire, à savoir l’intégration / la sous-intégration, voire la non-intégration. En effet, la construction du concept de sous-intégration qui devrait traduire une idée précise et opératoire, souhaite paradoxalement exprimer l’hétérogénéité du système urbain dans les pays sous-développés[34].
Malgré les nuances récurrentes formulées par M. Naciri, il établit une opposition entre les pays sous-développés et les pays développés, plus particulièrement au niveau des formes de croissance urbaine. « Le contraste entre les réalisations architecturales d’avant-garde et la misère des habitations dérisoires en marge de l’agglomérations populeuses devient « l’image de marque » de la ville en pays sous-développés[35]».
Le concept élaboré par Mohamed Naciri est donc territorialisé. Il concerne uniquement les pays sous-développés. S’agit-il d’un concept ou plutôt d’un modèle théorique permettant de passer de la pluralité vers une unité compréhensive de la réalité complexe à une abstraction permettant de rendre intelligible la diversité du réel. Il est conçu comme un ensemble de données concrètes, quantifiables et mesurables. Ainsi, on peut mesurer le degré de sous-intégration d’un espace urbain donné, puis établir une comparaison avec d’autres quartiers de la même ville ou des autres villes. Le concept d’habitat sous-intégré, fondé sur divers critères (type d’habitat, taille de famille, densité démographique, nature de l’emploi….) ne peut être opératoire sauf s’il fait partie d’un champ théorique qui se réfère à une ville « intégrée ». M. Naciri s’interroge justement sur l’existence d’une ville « normale » et sur la possibilité de déterminer ses caractéristiques[36].
La sous-intégration est définie « par rapport au modèle d’urbanisation dominant, c’est-à-dire celui qui s’est élaboré d’abord dans les pays industriels et qui a connu une diffusion planétaire avec la pénétration de l’économie monétaire dans les pays sous-développés[37]».
Par ailleurs, on peut reprocher à ce concept, ou plutôt modèle, de sous-intégration son caractère dualiste. Nous avons le sentiment que Mohamed Naciri, malgré ses nuances, cherche à opposer la « ville » et les formes d’habitat sous-intégrées. Alors que ces formes d’habitat peuvent exister géographiquement dans la ville et entretenir des rapports fonctionnels avec les autres quartiers composant le tissu urbain. Il écrit à juste titre que « cette discrimination fondamentale permet de tracer une frontière concrète entre la « ville » et les formes d’habitat sous-intégrées. Une forme de croissance urbaine tend à s’intégrer à la ville au fur et à mesure qu’elle est dotée d’équipements indispensables à l’hygiène, à la circulation, et qu’elle s’oriente vers des procédés de construction des habitations sur des bases moins précaires[38] ».
Le concept de sous-intégration enveloppe-t-il en son sein l’idée et le souhait de voir intégrer les populations dans un système capitaliste[39] en situation de dépendance à l’égard de l’Etranger ? « Un quartier est sous-intégré non seulement par rapport à des structures sociales différentes, à des types d’activité ou de consommation, mais aussi par rapport à un mode de vie, de travail et d’habitat de caractère urbain diffusé par la pénétration de l’économie moderne[40]». Par exemple, les pavement-sleepers, les personnes des grandes villes d’Asie, se trouvent dans une situation de totale non-intégration[41].
On doit s’interroger sur la validité de ce concept qui n’élabore pas un autre modèle référentiel d’une ville « intégrée ». Le concept de formes d’habitat sous-intégrées ne traduit-il pas la normativité des conceptions urbaines et urbanistiques dominantes ? Une ville intégrée n’est-elle pas synonyme d’une cité (utopique) sans différenciation sociale ? Ou bien s’agit-il d’un modèle idéal à atteindre, caractérisé par le « bonheur » des ménages urbains ? Une ville intégrée ne peut-elle pas se définir par rapport à des normes urbanistiques fixées par l’Etat ? Ou bien plutôt par rapport à des normes et des valeurs socialement souhaitables, mais matériellement difficilement réalisables ? L’intégration n’est-elle pas la formulation subjective d’un modèle culturel conforme au statut des couches sociales moyennes souhaitant l’accession à la modernité, à l’occidentalisation ? L’intégration serait finalement l’objectif désiré et désirable pour tous les pouvoirs politiques afin d’assurer une certaine conformité de comportements de la population citadine, et par conséquent, garantir la paix sociale.
?La citadinité, notion ou concept
La notion de citadinité « a pris, dès 1991, une place notable dans les préoccupations scientifiques du laboratoire[42] » d’URBAMA dans l’Université de Tours. On se posait les questions suivantes : « Qui sont, que sont les «nouveaux » habitants des villes du Monde Arabe », particulièrement dans les petites villes et les villes moyennes, généralement de peuplement récent -si ce n’est de création récente- pour lesquelles les caractéristiques de leurs habitants se posent avec une acuité particulière[43] ?
La citadinité est désignée comme un thème, un objet et parfois comme un concept ou tout simplement comme un terme. Elle est représentée par la littérature en sciences sociales comme « un objet flou[44] », une notion impossible[45], un concept-valise[46] ou comme un chemin parsemé d’embûches[47], alors que la question simple qu’il faut poser est la suivante : « qu’est-ce qu’enfin de compte un citadin ?[48]».
Seul le géographe Mohamed Naciri n’hésite pas à qualifier la citadinité de concept en le considérant comme un « outil opératoire pour la connaissance des villes de l’aire culturelle arabe classique ». Mais, il reconnait «la validation de son utilisation pour comprendre la transition de la ville traditionnelle à la ville moderne (qui) pose problème[49]». Dans un article relativement récent (2008), il conclue en écrivant : « la citadinité à de beaux jours d’approfondissement en perspective[50]».
La citadinité, une notion stigmatisante
On peut se demander si la notion de citadinité n’est pas propre aux seules sociétés citadines traditionnelles. Dans une aire culturelle différente, dans la capitale malgache, Marie Morelle et Catherine Fournet-Guérin cherchent à définir la citadinité. Elles s’appuient sur le critère de l’ancienneté urbaine monopolisée par une couche sociale en excluant et stigmatisant les autres. « En effet, la définition de la citadinité se fait par une catégorie d’habitants qu’on peut qualifier de vieille souche urbaine. Cette définition se fonde à Tananarive sur des critères très exclusifs : ces Tananariviens de vieille souche urbaine se considèrent comme seuls dépositaires de la citadinité et de l’identité urbaine, tandis qu’en sont exclus dans les représentations les habitants des quartiers populaires, assimilés à la fois aux descendants d’esclaves et aux masses rurales méprisées[51]. »
La revendication de la citadinité devient un enjeu identitaire et donc territorial. C’est une manière pour certains citadins de s’approprier la ville et d’exclure par la même occasion les autres habitants. Mohamed Naciri estime que la citadinité «est en fait au coeur des problèmes du pouvoir, de l’identité et de la modernisation des catégories les plus dynamiques : les classes moyennes”[52]. Au niveau des représentations sociales, l’habitant de la ville n’est pas forcément un citadin.
Le recours à la notion de citadinité pour l’analyse des villes traditionnelles est discriminante, pour ne pas dire stigmatisante. Elle ne renvoie pas à ceux et à celles qui habitent la ville ni à une population anciennement installée dans ces territoires urbains limités par des murailles. Elle est liée à un ensemble de représentations ayant pour but de légitimer la présence des uns dans la cité et d’en exclure d’autres. Elle devient un mode de vie, une identité alimentant les représentations sociales de l’altérité en définissant un rapport de domination.
La citadinité traduit un type de relations sociales hiérarchisées excluant d’autres groupes sociaux, même ceux résidant anciennement en ville. Elle met en relief un groupe à haute intégration urbaine. Il s’agit d’un élément identitaire associé à une catégorie sociale ayant un mode de vie particulier[53]. Le processus de l’acquisition de cette identité se réalise par l’adoption « des pratiques et des codes culturels, linguistiques, vestimentaires, voire culinaires ou de politesse reconnus, consensuellement, comme étant « citadins » [54]».
Certes, la citadinité s’exprime différemment en fonction de la taille des villes, de leur histoire et géographie, et de leur contenu social, culturel, ethnique trop ou peu hétérogène. Le sociologue algérien Rachid Sidi Boumedine évoque cette hétérogénéité culturelle et ethnique urbaine dans les villes traditionnelles. « Dans le cas d’Alger, pendant la période pré-coloniale, coexistaient les citadins-habitants issus de la population locale (Berbères, …), les réfugiés d’Andalousie, les Turcs et les Mameluks, les esclaves et descendants d’esclaves (Européens, Africains)[55]».
Et d’ajouter : « Si la citadinité – gardons le cas d’Alger pour l’illustrer – se manifeste par la connaissance et la maîtrise des arts dont la ville est le siège ou le creuset, nous sommes ici en présence de -au moins- deux systèmes de référence rivaux – celui de la bourgeoisie, toutes origines confondues, avec sa musique, ses pratiques culinaires, ses quartiers, et celui du petit peuple avec sa musique, ses pratiques, ses quartiers-, tous deux également légitimes[56]».
Citadinité ou urbanité
La littérature en sciences sociales se réfère plutôt à la notion d’urbanité qu’à celle de la citadinité. Georg Simmel, par exemple, n’emploie pas la notion de citadinité, mais traite du comportement du citadin en tant que résident en ville, peu importe son origine géographique ou son ancienneté en milieu urbain. Le citadin est tout simplement le nouvel habitant installé en ville. En effet, la majorité des habitants étaient récemment implantés en milieu urbain à cause de la vague massive d’émigration rurale provoquée par le processus d’industrialisation et de métropolisation des espaces urbains en Europe.
La problématique de la citadinité se pose et s’impose plutôt dans les villes qui ne sont pas soumises à une croissance urbaine accélérée. Mais quand la majorité des habitants urbains viennent d’un milieu rural assurant une métropolisation de la ville, marquée par une mosaïque culturelle et linguistique, le citadin avec son mode de vie d’autrefois, sa culture, son implantation ancienne, ses origines familiales, etc. est englouti dans la masse urbaine. Il s’inscrit dans les registres du passé, dans les souvenirs nostalgiques qui émergent de temps à autre pour réactiver une action collective ou pour exclure ou stigmatiser les nouveaux arrivés, ou du moins ceux perçus comme fraîchement installés dans la cité.
La citadinité est une gestion de l’altérité à l’intérieur de la ville elle-même. Elle marque les relations sociales en coupant la ville en deux. La naissance et l’ancienneté dans la ville ne suffisent pas pour déterminer les principes régulateurs de la citadinité. Celle-ci serait-elle le propre des seuls notables de la ville ?
La citadinité : savoir, profession et généalogie
A la veille de l’Indépendance du Maroc, Jacques Berque se préoccupait d’étudier la citadinité dans les villes classiques islamiques du Maghreb. Il commence par établir des frontières nettes entre la ville et le rural en opposant la citadinité à la ruralité ou la tribalité. La cité est le lieu de la foi et de la loi, écrivait-il[57]. Il considère le négociant et le ‘Alim au cœur du système urbain traditionnel. « La benoîterie souvent formaliste du citadin, et que seul sauve du pharisaïsme le privilège d’un grand style, s’oppose à l’anarchie pittoresque du bédouin. La ville est droit comme la bâdiya est poésie…[58]»
« Une famille, affirma Jacques Berque, est citadine dans la mesure où elle est représentée dans les trois activités de la cité. Ainsi de Fès, encore à l’heure actuelle, de Salé, de Tunis[59].» La ville serait donc le produit d’un système économique ternaire : artisanat, commerce et étude (‘ilm). Berque accorde une grande importance à ce corps social (les lettrés), comme le montre ses études sur les ulémas de Tunis, les cadis de Kairouan et les fuqahâ-s ou jurisconsultes de Fès[60]. Le fiqh, écrit Jacques Berque, se construit de la tradition et de la jurisprudence urbaines, au moins autant que la doctrine. C’est un censeur rigoureux de la citadinité[61].
Mais Berque ne néglige pas pour autant la diffusion urbaine des valeurs et comportements sur les zones rurales. « Fès, Tunis, Alger, chacune dans son genre, répandent jusque dans les coins les plus reculés, leurs modes de sentir, de parler, leurs habitudes de consommation, leurs exigences politiques[62]».
L’ancienneté dans la ville traditionnelle et la détention d’un savoir religieux, juridique et professionnel sont des éléments nécessaires pour déterminer la citadinité d’une famille donnée. Mohamed Naciri s’inscrit dans le modèle établi par Jacques Berque en y ajoutant un autre critère central lié à la généalogie. « La première caractéristique fondamentale du citadin, écrit Mohamed Naciri, est sa capacité de se situer et de situer les autres citadins dans une généalogie (…), de situer les individus dans l’espace de résidence ou d’activité (…)[63]», de s’insérer « dans une structure horizontale, comme la confrérie[64]… »
Il ajoute : « Les citadins étaient impliqués dans des réseaux de parenté, de connaissance, d’intérêts, d’affiliation religieuse qui dépassaient par leur affluence, parfois leur propre ville et qui permettaient d’avoir cette capacité de se sentir parfaitement à l’aise, dans leur propre milieu mais l’être aussi partout ailleurs, dans n’importe quelles autres circonstances[65] ».
La citadinité se manifeste également à travers les apparences vestimentaires. Le costume « est également une manière de distinction du citadin [66]». L’acquisition de la culture savante permet également de déclencher un processus d’insertion dans la cité. « Le savoir, les connaissances de l’époque, une fois acquises et la confirmation de leur détenteur admise, ceux-ci étaient considérés comme de vrais citadins, quand même bien que leur origine fût rurale[67]».
Encore une fois, le citadin n’est pas celui qui habite la ville, mais c’est plutôt celui qui est le produit de plusieurs générations citadines. La notion de citadinité telle qu’elle est formulée exclue, non pas seulement certains habitants récemment installées en ville (les ruraux), mais également, les citadins de « souche » qui ne répondent pas à certains critères, tels la détention du savoir, l’exercice de métiers nobles (‘alim, commerçants, artisans). En dehors des individus dont les familles sont « engoncées » dans la cité, il n’y a pas de citadins.
En comparant deux situations socio-culturelles fort différentes, Mohamed Naciri insiste plutôt sur la citadinité dans les cités traditionnelles, et n’accorde qu’une brève et rapide analyse au processus de l’intégration urbaine de l’individu dans les villes d’aujourd’hui, et encore moins un examen des caractéristiques de la citadinité actuelle. Il s’est contenté de constater que la citadinité est en plein reflux[68] et que celle-ci est en train de céder la place à d’autres valeurs urbaines liées à la citoyenneté.
En effet, les villes maghrébines, au contact d’une civilisation et d’un mode de production capitaliste triomphants, sont soumises à des changements bouleversant leurs anciennes structures sociales urbaines traditionnelles. L’importance massive de l’émigration rurale vers les villes correspondant à l’intervention coloniale, a mis en cause les anciennes caractéristiques de la citadinité.
Ainsi, l’un des paradoxes, écrit Mohamed Naciri, de l’urbanisation intense que connaît aujourd’hui le Maroc réside dans le fait que plus la population des villes augmente, plus le nombre de citadins tend à baisser. « Les porteurs de la culture citadine sont en déclin démographiquement, socialement et politiquement, bousculés et submergés, non pas uniquement par le nombre, mais aussi par l’irruption d’une autre culture, rurale ou bédouine qui s’installe en « vrac » dans la ville[69].»
Cette formulation de la nouvelle citadinité oppose les habitants anciennement installées en ville aux migrants ruraux, qu’on appelle les « néo-citadins[70] ». L’augmentation numérique des migrants dans la ville est perçue comme un processus de « ruralisation de la ville », expression utilisée non pas seulement dans la presse, mais également dans certaines publications académiques. Il faut dire que Mohamed Naciri n’a jamais repris cette expression de « ruralisation de la ville» dans ses écrits.
En effet, de nouvelles relations sociales sont produites par la pénétration d’un nouveau système économique capitaliste. Elles s’appuient de moins en moins sur la citadinité caractérisée par une appartenance généalogique, ou sur l’acquisition d’un savoir religieux ou professionnel. La cité comme espace statique, coincée dans ses murailles, se voit remplacée par l’urbain. La pénétration coloniale française allait bouleverser rapidement le tissu urbain des villes maghrébines. Certes, pour les villes portuaires, ce processus était amorcé progressivement depuis la seconde moitié du XIXème siècle, mais il s’est accéléré au début du XX ème siècle. Il met en relief l’habitat sous-intégré (bidonvilles, dégradation de la médina, naissance de l’habitat non-réglementaire, etc.) et donne une nouvelle définition à la citadinité, comme mode de vie. La ségrégation sociale et spatiale se fait sur des critères économiques, sociaux et culturels.
Bibliographie
Jacques Berque : Médinas, villeneuves et bidonvilles, in Les Cahiers de la Tunisie, n° 21-22, 1958
La citadinité en questions, sous la direction de Michel Lussault et Pierre Signoles, Université de Tour, 1996
Naciri, Mohamed : Les formes d’habitat sous-intégrées, essai méthodologique, in Hérodote, 4ème trimestre, 1980, Paris
Naciri, Mohamed : De la citadinité à la citoyenneté, les problèmes de l’intégration urbaine, in Urban generations post-colonial cities. Rabat: Faculty of Letters and Human Sciences of Rabat, 2005, pp. 19-29
Naciri, Mohamed : Qu’en est-il de la citadinité, du passé au présent ? in Confluences, histoire anthropologie et études littéraires, travaux offerts à Abdelahad Sebti. Rabat : Bouregreg, 2018, pp. 179-207
Naciri, Mohamed : Le rôle de la citadinité dans l’évolution des villes arabo-islamiques, in Sciences sociales et phénomènes urbains dans le monde arabe : actes du colloque de l’Association de liaison entre les centres de recherche et documentations sur le monde arabe, tenu à Casablanca, 30 novembre au 2 décembre 1994, Casablanca : Fondation du Roi Abdul-Aziz al-Saoud, 1997, pp. 131-148
Naciri, Mohamed : Regard sur l’évolution de la citadinité au Maroc, in Middle Eastern cities in comparative perspective [proceedings] of the Franco-British Symposium, London, 10-14 may 1984 = Points de vue sur les villes du Maghreb et du Machrek. – London: Ithaca Press, 1986, pp. 249-270
Naciri, Mohamed : Regards sur l’évolution de la citadinité au Maroc, pp. 61-80, in
تطور العلاقات بين البوادي والمدن في المغرب العربي أعمال الندوة التي انعقدت بالرباط أيام 13، 14 و15 دجنبر 1984. الرباط، جامعة محمد الخامس، 1988
Naciri, Mohamed : Regards sur l’évolution de la citadinité au Maroc = A Survey of the evolution of citizenhood in Morocco, in Citadins, villes, urbanisation dans le monde arabe aujourd’hui Algérie, Emirats du Golfe, Liban, Maroc, Syrie, Tunisie : [actes] du colloque franco-anglais… et du congrès annuel de la Middle East Studies Association of North America. Tours: Ed. de l’URBAMA, 1985, pp. 37-59
Rachik, Abderrahmane : Sociologie urbaine, approcher les villes du Maghreb. Ed. La croisée des chemins (sous presse)
Rachik, Abderrahmane : Bilan d’études et de recherches urbaines sur le Maroc (1980-2004). Etude financée par le Centre Jacques Berque (Rabat), juillet, 2005
Rachik, Abderrahmane : La recherche urbaine au Maroc, in SociologieS (numéro spécial). Revue de l’Association internationale des sociologues de langue française, 2012. Communication au colloque international sur l’«Actualité de la sociologie urbaine francophone, tenu à Lyon les 23 et 24 Juin 2010.
Références
[1] Cf. Abderrahmane Rachik : Bilan d’études et de recherches urbaines sur le Maroc (1980-2004). Etude financée par le Centre Jacques Berque (Rabat), juillet, 2005. Voir également : « La recherche urbaine au Maroc », in SociologieS (numéro spécial). Revue de l’Association internationale des sociologues de langue française, 2012. Communication au colloque international sur l’«Actualité de la sociologie urbaine francophone», tenu à Lyon les 23 et 24 Juin 2010.
[2] Les sociologues marocains prennent rarement en charge la dynamique de l’espace dans leurs approches des faits sociaux. Pour plus de détails, voir notre livre sous presse : Sociologie urbaine, approcher les villes du Maghreb. Ed. La croisée des chemins
[3] Désirs de ville. Rabat : Economie critique, 2017. La même année Mohamed Naciri a, finalement, publié un livre qui lui tenait à cœur : Le Queyras, une vallée des Hautes-Alpes. Casablanca : La croisée des chemins, 2017
[4] Voir la bibliographie à la fin du texte.
[5] Sciences sociales et phénomènes urbains dans le monde arabe : actes du colloque de l’Association de liaison entre les centres de recherche et documentations sur le monde arabe, tenu à Casablanca, 30 novembre au 02 décembre 1994, sous la direction de Mohamed Naciri et André Raymond. Casablanca: Fondation du Roi Abdul-Aziz al-Saoud, 1997
[6] L’intégration ou l’américanisation des migrants, perçus comme les « ennemis de l’intérieur », était l’une des principales préoccupations des sociologues de l’Ecole de Chicago.
[7] La reproduction de la communauté (ethnique) dans les grandes villes est perçue par les sociologues de Chicago comme un tremplin vers l’intégration dans la nouvelle société urbaine d’accueil.
[8] Les textes des sociologues de l’Ecole de Chicago n’ont été traduits en français que tardivement. Cf. Ecole de Chicago, naissance de l’écologie urbaine. Textes traduits et présentés par Yves Grafmeyer et Isaac Joseph. Paris : Aubier, 1984
[9] Cf. la revue Espace et Société, No 3, 1971, Paris
[10] M. Santos : L’espace partagé, les deux circuits de l’économie urbaine des pays sous-développés. Ed. M. Th. Génin, 1975.
[11] « Les marginaux sont une armée industrielle de réserve qui ne sera jamais mobilisée ni exploitée.» Cf. Bruno Lautier : Discussion (suite) notes d’un sociologue sur l’usage de la notion de « marge » dans les sciences sociales du développement, in Revue Tiers monde, 2006/1, n° 185, p. 17, version électronique : https://www.cairn.info/revue-tiers-monde-2006-1-page-17.htm
[12] Denis Lambert : L’urbanisation accélérée de l’Amérique latine et la formation d’un secteur tertiaire refuge, in Civilisation, vol. XV, Bruxelles, 1965
[13] Centre d’études, de recherches et de formation qui était sous la tutelle du Ministère de l’intérieur.
[14] Adam, André : Casablanca, essai sur la transformation de la société marocaine au contact de l’Occident. Paris : CNRS éditions, 1972
[15] Daniel Noin : Les grandes villes d’Afrique et de Madagascar, Casablanca. Paris : La Documentation française, 1971
[16] Mohamed Naciri : Salé, étude de géographie urbaine. Rabat : Publication du Centre universitaire de la recherche scientifique, 1963
[17] Jacques Pégurier : Urbanisation d’un centre rural au Maroc, étude d’un cas, El Kelaa des Srarhna. Marrakech : Ed. D.R.U.H., 1972
[18] Mohamed Naciri : Les formes d’habitat sous-intégré, essai méthodologique, in Hérodote, 4ème trimestre, 1980, Paris, voir le lien électronique sivant : https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k56227609/f1.image.r=vincennes
[19] L’éditorialiste Yves Lacoste nous informe que « sur proposition de Mohamed Naciri, le groupe de recherche adopta l’expression formes de croissance urbaines « sous-intégrées », estimant que c’était la formule la plus souple, la plus large et la plus compréhensives», Cf. Hérodote, op. cit., p. 8
[20] SMUH, Secrétariat des missions d’urbanisme et d’habitat, un bureau d’étude sous la tutelle du Ministère français de la construction et de la coopération.
[21] Hérodote, revue trimestrielle, n° 19, 4ème trimestre, 1980, Paris, op. cit.
[22] Cf. l’éditorial d’Yves Lacoste, in Hérodote, op. cit. p. 3
[23] Idem, pp. 6 et 7
[24] Idem, p. 7
[25] Mohamed Naciri : Les formes d’habitat sous-intégrées, essai méthodologique, in Hérodote, 4ème trimestre, 1980, Paris, p. 14
[26] Idem, p. 18
[27] Idem, p. 39
[28] Idem, p. 32
[29] Idem, p. 23
[30] Idem, p. 20
[31] Idem, p. 32
[32] Idem, p. 46
[33] Idem, p. 45
[34] Idem, p. 31
[35] Idem, p. 17
[36] Idem, p. 198
[37] Idem, p. 35
[38] Mohamed Naciri : L’habitat sous-intégré, essai méthodologique, in Désirs de ville. Rabat : Economie critique, 2017, p. 198
[39] Mohamed Naciri : Les formes d’habitat « sous-intégrées », essai méthodologique, in Hérodote, septembre-octobre, 1980, p. 44
[40] Idem, p. 46
[41] Idem, p. 46
[42] Cf. La citadinité en questions, sous la direction de Michel Lussault et Pierre Signoles, Université de Tour, 1996, p. 1
[43] Idem, p. 1
[44] Michel Lussault : La citadinité, pour une approche problématique, in La citadinité en questions. Sous la direction de Michel Lussault et Pierre Signoles, Université de Tour, 1996, p. 36
[45] Rachid Sidi Boumedine : La citadinité, une notion impossible ? in La citadinité en questions, op. cit., p. 49
[46] « On peut y mettre ce qu’on veut ». Cf. Rachid Sidi Boumedine : La citadinité, une notion impossible ? in La citadinité en questions, op. cit., p. 53
[47] Françoise Nafez-Bouchanine : Citadinité et urbanité, le cas des villes marocaines, in La citadinité en questions, op. cit., p. 103
[48] Mohamed Naciri : Le rôle de la citadinité dans l’évolution des villes arabo-islamiques, in Sciences sociales et phénomènes urbains dans le monde arabe, actes du colloque. Casablanca : Fondation du Roi Abdul-Aziz al Saoud, 1997, p. 133
[49] Idem, p. 132
[50] Mohamed Naciri : Qu’en est-il de la citadinité, du passé au présent ? in Confluences, histoire, anthropologie et études littéraires. Travaux offerts à Abdelahad Sebti. Coordonné par Abderrahmane El Mouden, Ahmed Bouhsane, Lotfi Bouchentouf. Rabat : Dar Bouregreg, 2018, p.207
[51] Marie Morelle et Catherine Fournet-Guérin : Les nuits tananariviennes, citadinités et marginalités en construction, in Cyber geo revue européenne de géographie, 2006, p. 1, voir le lien électronique suivant : http://journals.openedition.org/cybergeo/2560
[52] Mohamed Naciri : Regard sur l’évolution de la citadinité au Maroc, in Points de vue sur les villes du Maghreb et du Machrek. Franco-British symposium, London. 10-14 mai 1984, p. 249-270
[53] Mariella Villasante De Beauvais : Construction et redéfinitions identitaires en Mauritanie, la sédentarisation et la citadinité à Kiffa, Kaédi et Kurudjel, in La citadinité en questions, op. cit., p. 83
[54] Idem, p. 84
[55] Rachid Sidi Boumedine : La citadinité, une notion impossible ? in La citadinité en questions, op. cit. p. 50
[56] Idem, p. 52
[57] Idem, p. 13
[58] Jacques Berque : Médinas, villeneuves et bidonvilles, in Les Cahiers de la Tunisie, n° 21-22, 1958, p. 13
[59] Idem, p. 15
[60] Mohamed Kerrou : Jacques Berque et les villes de l’Islam, in Revue des mondes musulmans et de la Méditerrané. N° 107-110, 2005, pp. 483-500 Selon Mohamed Naciri, la citadinité suppose une connaissance mutuelle entre les habitants et une ancienneté dans la cité.
[61] Jacques Berque : Médinas, villeneuves et bidonvilles, op. cit., p. 15
[62] Idem, 21-22, 1958, p. 8
[63] Mohamed Naciri : Le rôle de la citadinité dans l’évolution des villes arabo-islamiques, op. cit., p. 133
[64] Idem, p. 133
[65] Mohamed Naciri : De la citadinité à la citoyenneté, op. cit., pp. 20-21
[66] Mohamed Naciri : Le rôle de la citadinité dans l’évolution des villes arabo-islamiques, op. cit., p. 134
[67] Mohamed Naciri : De la citadinité à la citoyenneté, op. cit., p. 23
[68] Mohamed Naciri : Le rôle de la citadinité…, op. cit.. p. 132
[69] Idem, p. 132
[70] André Adam : Le “bidonville” de Ben Msik à Casablanca, contribution à l’étude du prolétariat musulman au Maroc. [s. l.]: [s.n.], 195-?, p. 63